Dr. Railly
34 ans
« Combien de vies faut-il pour sauver la tienne ? »
Pour ce tendre Docteur Railly
Dr.Railly, c’est ainsi que tout le monde t'appelle. Mais moi, je me souviens encore de ce prénom que tu n’aimes plus. Peut-être car tu l’attaches à la personne que j’ai été pour toi. Alors non, je ne l’utiliserais plus. Parce que nous n’avons plus rien à voir maintenant. Non, Railly, nous ne nous connaissons plus. Il y a déjà trois ans que nous sommes redevenu de simple inconnu. Enfin, est-ce que toi tu as été capable de tourner la page ? Est-ce que toi, celui qui a toujours cherché à penser à moi avant ta personne, aujourd’hui encore tu agis pour une simple personne dont tu ne verras plus jamais le visage ? Je ne suis pas nostalgique, mais je l’ai été tu sais. Mais aujourd’hui, j’ai refait ma vie. J’ai un fils. Et il n’est pas de l’homme que tu as été. Pourtant, si je t’écris c’est que je manque un peu de toi. J’ai besoin de faire le point une fois pour toute. Mettre les points sur les “i”, j’ai besoin de te sortir de ma vie en t’écrivant de manière romantique « Adieu ». Romantique ? Oui, j’ai envie que cette lettre le soit car tu étais un tendre amoureux. Et je suis la seule à l’avoir vu. A quel point tu étais tendre, à quel point tu étais protecteur, je n’avais jamais vu aussi romantique que toi. Tu ne faisais clairement rien comme personne. Tu es différent de toutes les personnes que j’ai pu rencontrer. Je me sentais tellement ridicule à côté. Mais, tu pensais la même chose quand nos regards se sont croisés ?
Je me souviens parfaitement comment ça c’était déroulé. Tu étais assis là, regardant le professeur et parfois tu prenais le soin de noter tout un tas de mots sur ce petit bloc-note. Il était bleu, cyan, comme la couleur de tes yeux. Je l’ai toujours aimé. CA m’avait fait sourire car je m’étais dit que la couleur identique n’était pas qu’un hasard. Ce bloc-note, il reflétait ta vision du monde. Je l’ai toujours vu comme ça. Alors je t’ai observé, imaginant ce que tu pouvais bien y écrire. Écrit-il des poèmes d’amours qu’il enverra à la fille qui s’amuse à le taquiner ?
Serait-il un dessinateur, s’amusant à créer la femme idéale avec un peu de tout le monde ? Est-ce qu’il écrit le cour de ses pensées, les retravaillant, afin de ne jamais les oublier ? Oui, j’étais curieuse. Mais, tu ne peux pas nier que tu ne l’as jamais été à mon sujet. Tu l’as remarqué, j’avais tout d’une cleptomane. Oui, un jour, ça m’a prit comme une envie de pisser, j’ai prit ce petit carnet cyan et j’ai couru le plus rapidement possible, j’entendais tes pas, ta course au rythme de la mienne. Mais jamais tu ne m’as rattrapé. Je me suis bêtement enfermée dans ce placard pour m'échapper, pour feuilleter ce carnet qui m’a toujours intrigué. Croquis, écrit, note, rappelle, numéro de téléphone, cours, pages déchirés. Il y avait de tout. En le feuilletant, je me suis rendu compte que c’était toi que je cherchais réellement à percer à jour. C’est bête, je crois que depuis le début j’étais amoureuse de toi. Assez naïf tu me diras, mais tu avais un charme, une aura de solitaire qui semblait se convenir à elle toute seule. Pourtant, tes expressions semblaient s’ouvrir au monde. Je ne savais pas si tu étais un humain ou le prince charmant dont j’ai toujours rêver les yeux ouverts.
Je te revois ouvrir la porte du placard, me regardant avec une expression d’incompréhension. Et je sais que si tu t’es mit à sourire à ce moment là, c’était parce que mon regard brillait rien qu’à l’idée que je puisse de regarder. Et j’ai dit ton prénom. Pour la première fois, le ton montant, comme si l’hésitation m’avait éprise. Mais non, je n’ai douté à aucun moment, je savais depuis longtemps que tu t’appelais comme ça. Et là, je t’ai vu sortir ce carnet de ta poche, en souriant à la couleur de mon bracelet. Et tu as dit mon prénom avant de me proposer un troc. Un échange. Une ode à l’amour. Qui aurait pu deviner qu’un jour, quelque chose d’aussi idiot se transformerait en demande en mariage ? Le plus beau jour de ma vie. De notre vie. Si seulement on pouvait retourner dans le passé, je voudrais revenir à ce jour là encore une fois, que tu m’embrasses de nouveau devant toute la fac, que tu me portes sur tes épaules une nouvelle fois afin d’essayer d’attraper les étoiles. On était bête quand on était jeune, mais j’ai été ravis de faire l’amour avec toi un peu partout avant qu’il ne soit trop tard. Grâce à toi, j’ai passé les dix plus belles années de ma vie. Et parfois je me dis que j’aurais préféré mourir plutôt que devoir renoncer à tout ça. J’ai quelques regrets sur le cœur, mais c’est parce que je suis dans le mouvement, parce que sinon je peux te garantir que j’ai bien tourner la page. J’aime mon nouveau mari. J’aime mon fils. J’aime ma vie, même si elle doit à présent se faire sans toi.
Tu imagines peut-être que tout ce qui s’est passé n’est qu’une question de circonstance. Oui, moi aussi j’ai pensé comme ça. Ça m’a agacé. Je me disais que si je n’avais jamais eu cet accident, si je n’avais pas été là ce jour là, peut-être que aujourd’hui, je serais encore avec toi, peut-être qu’on aurait eu une fille comme tu le voulais tant. Peut-être que l’on aurait pu être heureux. Oui, j’ai longtemps pensé ainsi. Puis j’ai pris du recule. Et non, un jour ou l’autre, je t’aurais quitté. Parce que je sais mieux que quiconque que ta possessivité et ton obsession t’aurait quand même porté à agir avec des gens comme ça. Oui, dans le fond, j’ai toujours eu le sentiment que ça arriverait. Et j’ai peur de rester avec toi. A vrai dire, j’ai même peur d’écrire ce bout de papier. J’ai peur qu’un jour tu arrêtes de vivre et que pour compenser ils viennent et détruisent tout ce que j’ai réussi à protéger. Mais pire que ça, c’est qu’en deux ans, tu n’as jamais autant changé. Tu ne l’as sans doute jamais remarqué, mais tu n’étais plus le même genre de personne.
Plus rien autours de toi ne semblait avoir d’importance et quand tu me regardais, tu avais ce regard presque pervers. Tu étais devenu effrayant, parce qu’au fond de toi, tu savais pertinemment que tu étais devenu le pire des dangers pour moi. Tu n’avais que du temps pour ton travail. Travailleur, je savais que tu l’avais toujours été, mais tu étais devenu plus impliqué, plus délicat et pourtant plus rude, plus dur. Tu avais prit cet aspect cruel que tu n’avais jamais eu.
D’un coup, j’ai compris que tu me mentais. Tes traits distant, ton expression mystérieuse, ton air dédaigneux. Toi qui a toujours été sincère, tu devenais plus fière, une véritable langue de bois. Tu n’ouvrais plus ton cœur. Et aujourd’hui, je suis persuadé que seul ton sérieux n’est dévoilé. Oui, je me doute bien que tu t’es renfermé sur toi, que tu es sans doute devenu radin comme toute les personnes qui travaillent là-bas. Ce côté solitaire, ça m’a sauté aux yeux. Il n’était plus pareil. Autrefois, tu n’avais besoin de personne mais tu ne te défendais pas, mais en deux ans c’est une carapace que tu t’es forgé. Tu crains la vie, car tu savais à présent que tes mains étaient capable de la prendre et pas seulement de la sauver. J’ai vu tes yeux trembler le jour où tu as réalisé ton erreur. Toi qui a toujours été mon héro, le plus intelligent de la fac, le plus consciencieux des médecins, le plus averti des maris. C’était la première fois que tu agissais de manière aussi buté et spontané. Tu as beau être téméraire, tu n’as jamais été du genre à te mettre en danger. Oui, tu as été stupide. Une erreur. Il n’aura fallu que d’une erreur pour que tu perdes tout.
Je ne pouvais plus me regarder en face. Aujourd’hui encore, ça me ronge en me disant que je vis avec le reins d’une personne qui a été tué pour moi. Oui, bien sûr que j’ai fini par comprendre. Tu n’étais plus le même homme, tu ne me regardait plus comme une femme mais une possession. Une chose que tu préserves grâce au travail. Tu n’as pas pour habitude de beaucoup parler, mais à la différence c’est qu’après mon accident, tu ne me parlais plus. A moi. Ta femme. Ta maturité et ta clairvoyance, où est-ce qu’elles étaient quand tu a prit la décision de nous mettre en danger ? Et quand je t’ai dit mes adieux car je savais que j’allais mourir à cause d’un foutu reins, pourquoi tu t’es montré aussi impliqué dans une cause comme celle là au lieu de n’écouter que le son de ma voix ? Pourquoi d’un coup, tu as prit la décision de devenir sourd ? Tu n’étais plus attentif, égoïste, tu ne pensais qu’à une seule chose : « Je ne peux pas vivre sans elle. » Et tu me croyais assez bête pour ne pas le comprendre ? Oui, j’aurais dû être toucher. Mais, ça ne se passe pas comme ça. Parce que moi, j’aimais l’homme que tu n’étais plus. Tu te rappelles ? Cet homme qui pensait aux autres avant de s’écouter. Tu ne t’en rends peut-être pas compte, mais tu ne mérites plus la blouse que tu portes encore aujourd’hui. Car tu ne sauves plus des vies. Peut-être que pour toi c’est une manière de sauver des vies, mais ouvres les yeux, tout ce que tu protèges c’est un amour qui a fini par fuir. Tactile, tu essayes sans doute de me retrouver dans les toucher du quotidien. Je te connais par cœur. Celui qui aujourd’hui sait sans doute user de ses charmes afin de séduire. Mais, je t’ai toujours fait confiance, parce que je savais que la séduction c’était inné chez toi. Et que tu m’aimais trop pour voir quelqu’un d’autre que moi.
Dr.Railly, j’ai un problème. Mon ex-mari a fait de moi une proie. Englobant alors mon nouveau mari et mon fils d’à peine deux ans. Docteur, aidez moi, car je sais que cet homme que j’ai autrefois aimé cherches encore à me protéger en continuant son étrange travaille. Railly, je vous en prie, parlez à l’homme que j’aimerai sauver car je crois qu’il est lui aussi devenu cleptomane. Il vole des organes vitaux à des personnes qui méritent de vivre. Il ne s’arrête plus, parfois je me demande si l’amour se serait envolé pour laisser place à de la passion morbide. Docteur, j’ai besoin de votre diagnostique, est-ce que cet homme dont je n’oublierais jamais le prénom vit-il encore, quelque part, dans cet organisation où l’ont-il tuer le jour où il a signé un contrat avec le diable ? Docteur, laissez le marginal et le bon gagner. Car moi j’impose une cure, celle de ne plus laisser la mélancolie et la nostalgie le détruire. Mais, finira-t-il lui, par lire tout ça ? Je le doute, parce que ce serait trop douloureux. Parce qu’il aurait trop peur de lire ce que signifie tout ça : « Je ne t’aime plus. »
Mais sache que ton nom est gravé à jamais dans ma mémoire.
Un adieu signé Élise.
« Docteur ? Que faites vous ? Vous êtes appelé au bloc opératoire… Mais...Vous la jeter sans même l’avoir lu ? »
« Faut croire que oui. Il y a des noms qu’on préfère oublier après tout. Enfin bref, allons y. »