Lizzie
Une valise qui nous semblait venu du passé, fait de cuir ancien qui avait brunit avec le temps qui passe et qui file. Deux grosses lanières en cuirs qui semblaient la fermer, cette valise qu’on ne loupait pas, et qu'on avait affreusement envie d’ouvrir. Où allait donc se rendre cette valise ? Faire un voyage dans le temps ? Prendre le train direction le passé. Une vieille valise qui semblait en raconter beaucoup. Si on venait à en voir le contenu, quelle histoire nous raconterait-elle ? Est-elle pleine ? Pourtant elle semble si légère, comme si elle venait de commencer son voyage. Pauvre valise qu’on voyait plus que ce mystique mais discret propriétaire. Un fantôme venu hanter les wagons de ce tgv aux portes automatisées, même si sa place aurait sans doute été dans une jolie locomotive noir décoré de peinture rouge ou verte, à la silhouette bien plus séduisante que l’ergonomie de ce gris pâle, au coin arrondi, parfaitement similaire à l’autre wagon. Une valise comme celle là, elle n’était jamais dans les mains de n’importe qui.
« Bon voyage »
Un long manteau sombre qu’il avait laissé ouvert, les gros boutons parfaitement alignés ne rejoignant jamais leur place et laissant donc la possibilité de voir la chemise blanche parfaitement boutonné, qui serait presque prête à l’étouffer. et une casquette se comparant à un béret qui semblait avoir vécu. Un homme qu’on voyait sans voir. La tête baissé sur un pauvre livre, on n’apercevait pas la couleur de ses yeux. Mais on pouvait admirer la jolie couverture de son livre, on pouvait y lire “La Modification”. Des trains qui entrent en gares ou bien qui en sortent, on n’en sait trop rien. Un livre dont le coin du haut de la première couverture était corné, surement car ça faisait un moment qu’il traînait au fond de son sac. Son sac, en voilà un objet intriguant. On avait envie de plonger la tête dedans, ou alors on fronçait les sourcils devant en se demandant comment il avait réussit à en trouver un modèle comme celui-là. Un sac en bandoulière qui était presque assorti à sa valise si atypique. Il en avait fait du chemin, un pauvre sac qui semblait couvert de terre qu’on aurait pétrit. Il était sale malgré qu’on remarque que quelqu’un avait fait de son mieux pour lui donner une seconde jeunesse. Mais non, ça ne se passe pas comme ça. Rien ni personne ne résiste au temps qui emporte la beauté sur son passage. Ce sentiment de fraîcheur qui se lasse pour faire place à l’unique périple du froid.
Le passé qui voyage dans le présent, peut-être en quête d’un futur. Ou alors cherche-t-il dans l’étroite conformité un peu de caractère ? Des traits qui ressemblent à ceux d’un être vivant et non pas d’un objet ou un chiffre.
Il retira cette casquette en soufflant doucement, et c’est ainsi qu’il se dévoila, lui, et son aura qui dévorait l’espace. Il avait une présence imposante, il étouffait tellement qu’il en avait finit par retirer son camouflage pour essayer d’avoir un peu plus d’air. Des cheveux blancs aux quelques mèches grisonnantes pouvant rappeler la couleur ancienne du poivre et sel.
Des yeux si clairs qu’ils semblent s’être blanchit dans les années, comme si les images sombres avaient rendu sa vision plus clair, plus lucide. Pourtant il avait le regard d’un aveugle qui ne se fiait plus qu’au son des railles qui frottent les roues du train. Son regard ne bougeait pas entre les lignes, pourtant c’était comme si le sentiment d’avoir un livre entre les mains et donner l’illusion de lire aux autres lui convenait pour avoir le sentiment de lire de nouveau. Quelqu’un, un fantôme dont tout semblait être fragile.
On avait envie de l’aider quand il essaya d’appuyer sur le bouton pour la ventilation, alors qu’il était bien capable de le faire lui même, rangeant son livre dans son sac. Il voyait très bien car son regard suivait ses gestes. Des mains délicates qui semblaient aussi douce que celle d’un bébé. Une peau sans imperfection, reflétant sa jeunesse qui pourtant semblait paradoxale à son être, un léger sourire sur les lèvres qui semblaient en dévoiler une confiance en soi. Comme un ange qui revient d’entre les morts, il décorait la similarité de son originalité. Il retira son manteau, le posant sur ses genoux. Des formes qu’on ne pouvaient que envier, ainsi on ne voyait que mieux sa chemise qui le taillait parfaitement. Il y avait dans tout son être, un air naturel et doux qu’on ne peut lui retirer. Un air mature qui ne le rendait que plus chaleureux. Pourtant, sa personne semblait tant travailler, comme si chaque détails avaient son importance et sa place. Un côté perfectionniste et presque maniaque pouvait se dégager de tout ça.
Ses yeux voyagent à travers le wagon. Certains préféraient regarder le paysage, comme une recherche de soi-même et d’une solitude grisante. Lui, il en avait été étouffé, ça se voyait. Parce qu’il n’en avait pas peur, parce qu’il avait le courage de regarder la place occupé par sa valise à côté de lui. Il s’était habitué, à être le simple regard sur la vie. Comme un ancien qui observe les feuilles des arbres tombés, attendant la fin, il observait la vie, essayant d’y déceler à l’aide de son sens de l’observation aiguisé les petites douceurs qui peuvent la rendre si spéciale. Et pourtant, dans les gestes de la femme installé un peu plus loin, il avait ce regard nostalgique, comme si il y voyait quelqu’un qu’il avait perdu. Personnage mystérieux installé au fond du train, est-ce que quelqu’un savait où il pouvait se rendre ? Et si il cherchait une destination ? Peut-être qu’il n’y en avait pas, car son voyage à lui était sans fin. Ou alors qu’il l’avait déjà eu.
Peut-être qu’il était déjà mort, parce que dans ses yeux il ne semblait que y rester des images de sa vie d'antan. Instinctivement, son regard se posa sur son sac, comme si se rappeler le menait à autre chose qu’il avait réussit à conserver. Alors, peut être qu’il avait apprit lui à être précieux, délicat et cela avec des objets. Matérialisme, il aurait gardé des souvenirs comme une preuve d’avoir un jour eu un endroit où vivre. Des souvenirs qui aujourd’hui ne servaient qu’à lui rappeler ce qu’il avait été. Ses erreurs, ses joies, ses craintes, ses réussites. Une personne. Et une autre. Dans son regard, de l’animosité. Serait-ce la vengeance qu’il chercherait à retrouver sur le quais d’une gare ? Ca pourrait presque le rendre malsain, comme si tout ça n’était rien de plus qu’une image et qu’il n’était rien de plus qu’une bête cherchant à mener en enfer la ou les personnes qui lui ont fait défauts.
Cependant, son regard semblait se perdre dans une mélancolie profonde. Parce qu’il était sans doute plus fort que ça. Et que sage était à présent un mot qui pouvait le définir. Car ce qui vient du passé à un meilleur regard sur l’avenir. Un homme qui semblait avoir trop vécu. Qui semblait être passé par le Déni, la Colère, le Marchandage, la Dépression et finalement l'Acceptation. A présent, il n’était rien de plus que l’observateur passif. Pourquoi ? C’était une question dont on ne pouvait pas avoir de réponse, car il était fermé, son regard ne semblait pas prêt à en déceler plus à son sujet et sa bouche semblait ne pas avoir envie de s’ouvrir pour parler de lui. Pourtant quelqu’un qui semble faire attention à lui à ce point, il était presque certains qu’il en restait un minimum égocentrique. Un peu. Même si il dégageait du courage. Il en avait même fait preuve quand cet homme s’en prit à la femme qu’il avait observé un peu avant. Il avait parlé peu, juste lui demander de s’installer ailleurs. Tactile, il n’avait pas eu peur de lui attraper le poignet. Sa poigne semblait douce, pourtant les plus observateurs auront remarqué les veines se dessinant quand il serra un peu plus sa main, enfonçant presque ses doigts dans la chair.
Comme si blessé n’était rien pour lui. Car la douleur n’en était pas moins qu’une crainte qu’on apprend à combattre. Il ne semblait avoir peur de rien, et ça le rendait effrayant. Mais avant d’avoir l’air effrayant, il avait l’air héroïque, avec son sourire naturel et son ton sympathique. Il inspirait avant la monstruosité, à la bienveillance. Est-ce qu’il cherchait à se cacher ou bien était-il naturellement quelqu’un de bon avec des défauts qui peuvent parfois transparaître. Allez savoir.
Une nuit dans un hotel dans les bras d’une femme qui se laissait tenter par les plaisirs de la vie. Durant une nuit, elle goûtait à ce qui pouvait venir du ciel tout comme avoir creuser pour réussir à atteindre la surface. Une jouissance qu’on ne goûte que chez ceux qui joue à ça tout les soirs. Il n’avait plus de pudeur, plus de gêne, que des désirs. Jouer à celui qui aura le plus mal en s’abandonnant au petit matin. Étrangement, il était celui qui partait. Comme si il avait peur de souffrir, de savoir qu’il est celui qu’on oublie. Mais il se promettait de ne jamais oublié. Ses nuits passés à chercher dans des bras un réconfort qu’il ne retrouvera plus. A retrouver dans des matinés une présence qui le pousse à ne pas se lever avant midi. A retrouver un sourire qui lui donnait envie de vivre. Il se donnait à quelque chose de ardent, comme pour oublier une douceur qui pèse sur son coeur. Cependant, être romantique ne signifiait pas qu’il était faible. Au contraire, il s’était forgé une identité et une force mentale prêt à tout encaissé. De toute manière, cet homme, c’était à croire que plus rien ne pouvait l’impressionner. C’était à croire si il n’avait pas vécu un millénaire alors qu’il venait sans doute à peine d’avoir 23 ans.
Marchant dans les rues d’une ville dont il ne connaissait pas le nom, il était de nouveau caché sous sa pauvre casquette et son manteau. Son sac sur une épaule, sa valise dans la main. Il semblait persévéré à avancer, alors qu’il était là, habité par le passé. Mais sans doute était-il patient aussi. Les passes d’ombres ne devaient pas faire long feu chez lui, pourtant son regard objectif et sa tolérance semblait en découdre des expériences prouvant le contraire. Personne à ce jour n’a su lui faire cracher son nom, mais les surnoms se baladent dans les gares et les trains. “L’homme à la valise”, “Le modifié”, “Le voyageur” ou même “L’Etranger”. Rien de plus que des noms de passages, rien n’est stable. Pourtant, certains qui semblaient en savoir plus, comme intéressé par lui l’appelait “Lizzie”. Car c’est le nom qu’il avait écrit et accroché à sa valise, à côté de son jolie porte clé en forme de biche bien que ça ne restait qu’un bout de métal. Qui savait ce que “Lizzie” voulait bien savoir dire pour lui, mais il était certains qu’il n’avait pas utilisé ce nom pour rien. Peut-être était-ce le sien. Ou se jouait-il simplement de ceux qui pense savoir. Finalement, ça reviendrait à remettre en question tout ce que nous pouvons voir de lui.
Et il retournait à la gare, direction une nouvelle vie. Parce que celle qu’il avait aimé, l’avait depuis longtemps quitté. Car le temps n’attend pour personne. Mais surtout, “il” n’avait pas attendu pour “lui”.